LOST IN THE WAR

LOST IN THE WAR s’inspire de photographies. Dans un premier temps, le peintre est parti des clichés célèbres, comme celui de Capa ou celui de l’enfant du ghetto de Varsovie (People N°11), pour ensuite se concentrer sur l’épisode historique de la Guerre d’Espagne et se limiter à des photos d’amateurs glanées sur Internet. Là où le procédé perd en force citationnelle, délaissant les références iconiques universelles, il gagne sans doute en émotion. L’agrandissement à échelle humaine de ces petits tirages photo semble ressusciter des fantômes ensevelis par l’Histoire. Sans convoquer le pathos typique aux images de guerre, le peintre s’arrête sur des portraits de personnes armées mais souriant à la caméra, à la fois soldats et gens du peuples, dans un troublant oxymore entre la violence et l’allégresse. Le geste du brossage de la toile, (iconoclaste dans une autre série, CLASSICO), s’enrichit ici de nouvelles connotations symboliques. Il redouble la fragilité du support photographique, elle-même métaphore du temps qui passe et de la mémoire qui s’efface, qu’elle soit individuelle ou collective. Le brouillage de l’image évoque également une attention défocalisée, une rêverie mélancolique du regardeur, voire ses yeux mouillés de larmes. L’effacement des traits du visage, semble aussi nous dire : peu importe l’identité, ne restent que les grands gestes, ce fusil à l’épaule et ce sourire vaillant. Le propos n’est ni autobiographique ni directement politique. Il est indissociablement pictural et humaniste, proposant la toile comme lieu de rencontre privilégié entre deux univers et deux visages, celui du regardeur et celui de l’acteur anonyme de l’histoire.

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